La plongée sous-marine abîme-t-elle les récifs ?


Régulièrement, je reçois ou lis des informations sur la santé des récifs. Il est impossible d’ignorer l’impact de l’homme sur le changement climatique et des dommages causés par le tourisme de masse dans certaines régions du globe.

Qu’en est-il des plongeurs ? Quels impacts avons-nous sur les réserves marines que nous visitons en scaphandres autonomes ? Les plongeurs en général sont de fervents défenseurs des causes écologiques. Nous sommes aux premières loges des dégâts réalisés par la pollution et l’absence de régulations environnementales. Mais faisons-nous aussi partie du problème ? La réponse est oui, c’est indéniable.

La vraie question, c’est comment agissons-nous pour limiter notre empreinte écologique et quelles actions entreprenons-nous pour aider la cause environnementale et la protection des éco-systèmes marins ?

S’éduquer sur la vie marine et les éco-gestes à suivre

Beaucoup de personne tentent la plongée sous-marine au cours de leurs vacances à l’étranger. Rien ne les destinait à s’essayer à ce sport. Alors, il faut comprendre que beaucoup d’information leur manque sur la vie marine, comment interagir avec elle, comment la protéger et comment leur comportement peut l’affecter au long-cours.

Mon grand regret, c’est de ne pas voir éclore des cours de biologie marine pour les OWD, incluant un briefe des comportements à proscrire. Des éléments théoriques sont dispensés pendant les cours (en ligne), mais les supports pédagogiques déclenchent rarement une discussion ouverte avec les apprentis plongeurs et encore moins avec les baptêmes.

C’est un problème même avec les snorkleurs qui eux aussi, sont souvent auteurs de gestes qui leur paraissent anodins mais qui détruisent les fonds marins à grandes vitesses.

Ne pas comprendre la vie marine, l’énergie et le temps qu’il faut à un corail pour pousser, c’est se laisser aller à des comportements un peu laxistes par manque de compréhension sur les conséquences de ses gestes.

Alors il faut éduquer les autres et s’éduquer soi-même. Ses proches, ses copains de palanqué, voire si vous le pouvez, créer des mini formations à visées écologiques dans les lieux de tourisme de masse.

Ne pas prélever, toucher ou interférer avec la vie marine

Tout le monde souhaite réaliser des plongées sur des barrières de corail aux airs d’aquarium. Il est difficile de lutter contre cette envie, mais il faut savoir se raisonner et rester responsable.

Trop souvent, voire systématiquement, j’ai pu observer des plongeurs n’ayant pas une bonne maîtrise de leur flottabilité, approcher des coraux et les briser à cause d’un coup de palme malheureux. J’ai aussi été débutante mais je me gardais bien de m’approcher des coraux où pouvaient se nicher des murènes, si je n’étais pas certaine de ne rien casser. Cela me paraissait relever du bon sens. Et pourtant…

En Egypte, à Bonaire, à Palaos, en Thailande…Trop de clubs de plongée ne sont pas regardant sur le niveau des plongeurs qui les accompagnent. Certains même, ne respectent pas les consignes données et aucune conséquence ne les poursuit.

A Palaos, nous plongions avec un couple d’une quarantaine d’année. En Micronésie, il est très important aux yeux du gouvernement et des locaux de préserver la santé des récifs. C’est une véritable cause nationale, défendue par tous. Pas de crème solaire, bon niveau de plongée requis, pas de contact avec les coraux ou avec la vie marine. Rien ne doit être prélevé sur le récif. Et pourtant, ce couple,  5 min après être descendu ont décidé de d’arracher un coquillage sur un tombant pour prendre une photo avec dans les bras. Aucune conséquence pour les plongeurs, ils ont poursuivis leur séjour. Même histoire à Sao Miguel aux Açores, un moniteur français, directeur d’un club, s’est permis la même chose et a mis le coquillage dans son gilet de plongée. Comment donner l’exemple quand même les exemples à suivre ne sont pas exemplaires ?

Les clubs de plongée sont frileux aujourd’hui des notations sur internet et ne se laissent plus l’opportunité de refuser des plongeurs ou de les réprimander. J’ai été témoin de 2 bascules arrière dangereuses : une sur un plongeur et l’autre alors que le bateau était en mouvement. Aucun commentaire aux plongeurs par le club, alors qu’ils avaient commis une erreur qui aurait pu être désastreuse pour une autre personne. Même les sujets de sécurité sont omis par les clubs, trop soucieux de conserver leur note TripAdvisor…

Et si nous renversions le paradigme ? Et si nous sélectionnions des clubs de plongée sur la base d’un comportement éthique ? Si nous essayions de compenser les éventuels mécontents en notant nous même au plus haut niveau les clubs qui ont le courage de leurs opinions ? Et si les plongeurs eux-mêmes étaient notés pour leur comportement sur les récifs ? La plongée sous-marine est un loisir qui se pratique dans la vie sauvage. Il s’agit seulement de laisser l’endroit dans le même état qu’on l’a trouvé.

Choisir des clubs de plongée éco-responsables

Nous le voyons, les ancres de bateau sont un véritable fléau pour les fonds marins. De même, le Feeding des animaux dérègle complètement les habitudes des animaux et leur instinct migrateur. Pourtant, il reste beaucoup d’endroits où cela est toléré.

Les clubs de plongée qui s’adonnent à ces pratiques peu recommandables doivent souffrir d’une baisse conséquente de fréquentation pour changer leurs pratiques.

Ils restent en activité car des plongeurs plus soucieux de leur plaisir que de l’environnement persistent à se rendre chez eux pour s’assurer une plongée pas cher ou avec requins par exemple.

Pour limiter notre emprunte, il nous faut prendre le temps de sélectionner des clubs de plongée responsables.

Autre exemple: en Egypte plusieurs fois au cours d’une croisière sur Saint John, des Napoléons nous ont suivi tout au long de notre randonnée palmée. Je trouvais le comportement curieux, voire insistant pour un animal sauvage. L’histoire veut qu’ils ont longtemps été nourris avec des œufs durs par les clubs de plongée pour amuser les touristes. Il a fallu qu’un spécimen meurt, gavé de centaines d’œufs dans le ventre, pour que cette pratique soit interdite. Vous imaginez bien que non seulement les œufs durs ne sont pas des aliments naturels pour les Napoléons, mais que les sites sont fréquentés par des dizaines de bateau par jour. Si chaque bateau de croisière s’amuse à les nourrir…Ils implosent et meurt d’intoxication. Etait-ce indispensable d’occuper les plongeurs à nourrir les Napoléons alors que ces sites sont d’une beauté et d’une richesse hors du commun ?

S’autoriser à parler aux autres plongeurs

Tous les plongeurs doivent se sentir libres de commenter la plongée d’un autre dès lors que les consignes ne sont pas respectées. Trop souvent, nous avons honte d’aborder un sujet de réprimande avec un inconnu. Mais au fond, si le club, l’instructeur ou le guide ne le fait pas, qui le fera ? Il faut que les comportements qui ne sont pas éco-responsables soient relevés systématiquement.

Un briefe sécurité est donné avant une plongée par routine, il faudrait envisager qu’un briefe écologique rentrent également dans les mœurs.  

Je suis confiante en affirmant que la plupart des plongeurs ne se rendent pas compte ou ne font pas exprès d’abîmer les coraux ou d’adopter les mauvais gestes. Mais si personne ne les relève, comment s’assurer qu’ils ne soient pas reproduits ?

Un avenir à défendre

Nous avons tous un rôle à jouer dans l’écologie. Nous avons une passion commune, qui nous anime, nous émerveille, nous procure de sensations exceptionnelles. Malheureusement, ce sport se pratique en utilisant des moyens de transport peu écologique et nous avons une incidence sur le milieu marin visité, peu importe l’attention que nous portons à nos actes.

Par conséquent, si nous poursuivons ce sport, soyons acteurs d’un sport éthique et embassadeurs de l’éco-sytèmes marin. Le monde aquatique nous offre ses merveilles lorsque nous l’explorons, à nous de lui rendre la pareil.

Les actions que nous pouvez entreprendre pour faire une différence

Au cours de la plongée

  • Ne pas approcher des coraux tant que la flottabilité n’est pas maîtrisée
  • Ne pas prélever, nourrir ou interférer avec la vie marine
  • Vous inscrire un à un programme de comptage et surveillance des récifs
  • Participer à un programme de reconstruction de corail
  • Signifier à un plongeur un mauvais comportement vis-à-vis de la vie marine

En dehors de la plongée

  • Créer un programme de sensibilisation à la vie marine et dispenser une formation dans un club de plongée proche de chez vous
  • Participer à un programme scientifique participatif visant le recensement et surveillance des espèces marines
  • Donner aux associations qui luttent pour l’éco-système marin
  • Choisir des clubs de plongée responsables et les noter 5/5 sur les sites de voyage

Voici deux façons d’aider :

  • Doris : projet FFESSM sur la surveillance des espèces marines
  • Reef : projet américain de recensement des animaux marins

REEF – dénombrement des poissons, surveillance des poissons en vacances et plus encore. Ce site Web vous aide à apprendre comment surveiller les populations de poissons et contient des formulaires faciles à utiliser pour télécharger des données.

PADI CoralWatch – PADI’s CoralWatch fournit des ardoises de surveillance du corail et des méthodes pour télécharger les données. Il y a même une présentation éducative qui peut être visionnée en ligne !

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Charlotte - Reef Addict

Dive Master, je me passionne pour le monde marin et ses richesses. Je me forme continuellement et me renseigne sur comment limiter et lutter contre l'impact de l'homme sur l'éco-système marin.

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