Pourquoi Est-On Fatigué Après Une Plongée ?


Je crois que je n’ai jamais aussi bien dormi qu’après mes deux premières sessions de plongée en Thaïlande, lorsque je passais mon Open Water Diver. Encore aujourd’hui, il n’est pas rare qu’après deux plongées, je me réveille en sursaut après avoir piqué du nez malgré moi pendant deux heures. Je soupçonne que cette fatigue, tous les plongeurs quel que soit leur niveau et fréquence de plongée, la ressente. Essayons donc de résoudre ce mystère.

Pourquoi est-on fatigué après une plongée ? Est-ce normal de ressentir une grosse fatigue après une plongée ? Le consensus au sein de la communauté de plongeurs, est que la fatigue excessive après une plongée sous-marine s’explique par une combinaison de facteurs que nous classerons par ordre d’importance : la décompression (énergie nécessaire à évacuer le surplus d’azote), la température (énergie nécessaire pour réchauffer le corps), le stress des plongeurs, les mouvements parasites (contrôle de la flottabilité), le courant (si applicable).

La question qui se pose ensuite, c’est comment éviter cette grosse fatigue après une session de plongée ? En effet, il serait dommage de gâcher une demi-journée de vacances à somnoler, au lieu de profiter pleinement de la journée/soirée. 

Comment aider son corps à moins puiser d’énergie dans l’élimination du surplus d’Azote accumulé pendant une plongée ?

Ce premier élément de réponse quant à la raison de notre fatigue excessive après une session de plongée, semble raisonnable. Lorsqu’une personne évolue dans un environnement hyperbare, son corps est soumis à un stress, qui lui demande de consommer plus d’énergie qu’à l’accoutumé.

L’accumulation de l’azote en plongée est inévitable, tous les plongeurs le savent. Par contre, pour éviter de subir la fatigue qui suit la séance de plongée, on pourra observer quelques recommandations :

  • Se certifier et plonger au Nitrox : le nitrox est un mélange gazeux enrichi en Oxygène. L’air est composé de 21% d’oxygène et 78% d’azote. Si vous changez la balance vers un air enrichi à 34% d’oxygène, vous diminuez la saturation en Azote et donc votre corps n’a plus autant d’effort à fournir pour l’éliminer de votre système.
  • Surveiller son profil de plongée : le corps n’aime pas les effets YoYo des plongeurs qui maîtrisent mal leur flottabilité ou qui suivent un profil de plongée un peu chaotique. Le mieux, c’est de suivre un profil en « U », en descendant à la profondeur maximum dès le début, où la saturation est la plus élevée, puis remonter tranquillement à la surface pendant votre ballade, pour que vous corps puisse éliminer l’Azote, à son rythme de croisière, sans forcer.
  • Bien s’hydrater : l’hydratation avant une plongée est nécessaire pour faciliter les échanges gazeux. Il est donc raisonnable de dire que si vous n’êtes pas assez hydraté, votre corps a plus de mal à éliminer l’Azote. Soyez sympas avec votre corps et aidez-le en buvant de l’eau Avant ET JUSTE Après (car la désaturation continue après votre plongée, il ne faut pas l’oublier).
  • Rallonger les paliers de décompression : une autre idée, pour rester clément avec votre corps, est d’effectuer un palier de profondeur et de surface plus long, en pensant à prendre de grandes inspirations profondes et à expirer généreusement pendant vos paliers.

Pourquoi et comment la température de l’eau influence ma fatigue après la plongée ?

Encore une fois, la réponse est assez logique. La chaleur s’échappe 25 fois plus vite dans l’eau, que dans l’air. Même si vous ne ressentez pas le froid, votre corps compense en brûlant de l’énergie par la digestion. Par conséquent, il faut surveiller quelques paramètres :

  • Bien Manger : Idéalement, veillez à bien manger des sucres lents avant une plongée. C’est le meilleur carburant pour le corps quand il s’agit de générer de l’énergie (donc de la chaleur) pour vos muscles. Lors d’une immersion, votre corps va naturellement puiser dans vos réserves caloriques pour en produire afin de compenser la perte de chaleur causée par l’environnement aquatique
  • Vêtements thermiques adaptés : c’est une évidence, alors je ne m’attarderai pas trop sur ce point. Le mieux, à mon sens, c’est d’avoir dans sa valise une souris ou une veste à rajouter par-dessus sa combinaison à la deuxième plongée (souvent consécutive), pour aider le corps à moins consommer.
  • Une cagoule : Je lui réserve un espace dédié dans mes recommandations car en eaux chaudes, les plongeurs n’en mettent généralement pas. En revanche, si vous avez un coup de barre alors que vous n’avez pas froid ou vous avez réalisé des plongées peu profondes, cela peut aider. Chez moi, cela fait des merveilles. Dans une eau à 30°C, je n’ai pas envie d’une combinaison épaisse car je profite de nager librement dans l’eau. Par contre une cagoule ne me gêne pas du tout et je me sens souvent mieux à la fin de mes plongées.  Il faut rappeler que c’est la tête qui perd le plus de chaleur dans le corps, donc un petit coup de pouce ne fait pas de mal.

Pourquoi le stress est fatiguant chez un plongeur et comment faire pour le gérer ?

Votre plus gros risque en plongée, c’est vous-même. La plupart des accidents graves surviennent pour des raisons de comportement et/ou de stress. Le stress, va créer (par réflexe) un tas de réactions chimiques, physiques et psychologiques dans votre corps.

Dans sa première zone de stress (celle qui est « gérable » et souvent ressentie par les plongeurs débutants), le système nerveux va libérer des hormones (adrénaline et noradrénaline) qui servent à nous aider à fuir ou à combattre en situation de danger. La production de ces hormones va ensuite stimuler le système cardiovasculaire (fréquence cardiaque, tensions musculaires). A ce niveau de stress, vous ne ressentez généralement rien pendant la plongée à part un gros inconfort psychologique, car les hormones masquent les inconforts physiques. Par contre, vous ressentez les effets physiques après la plongée, où le corps sort de son état d’urgence. Les muscles crispés se détendent mais ont beaucoup travaillé pendant la plongée. Vous avez consommé surement beaucoup d’air et votre corps doit éliminer l’Azote. Enfin, le stress induit souvent des gestes parasites qui accroissent votre fatigue. 

Le stress est une cause importante de fatigue lorsque l’on est débutant et c’est normal. Je trouve que c’est la même fatigue que l’on ressent lorsqu’on prend ses premières leçons de conduite. On est hyper-vigilant, dans le contrôle, et cet état demande beaucoup d’effort pour le corps. Il n’y a que l’expérience et la confiance en vous qui va lisser cet état de fatigue.

Mes deux meilleurs conseils aux débutants pour gérer leur stress :

Visualisez vos plongées avant de vous rendre au club : mon joker anti-stress

Visualisez la routine pour vous équiper, faire les contrôles, installer les équipements. Visualisez ensuite la mise à l’eau. Enfin, visualisez comment vous allez contrôler votre flottabilité pendant l’immersion, la gestion du gilet, l’égalisation des oreilles etc. Cet exercice de visualisation m’a beaucoup aidé lorsque j’ai commencé. Souvent, dans les premières années, après quelques mois sans plonger, j’étais patraque le matin de me rendre au club. Le stress de mal faire, de mal gérer mon gilet ou de laisser tomber ma bouteille par mégarde, peu importe.  Avant d’y aller, visualiser ces routines a soulagé mon esprit, car je mettais en pratique la répétition mentale une fois arrivée au club. Votre esprit étant moins surchargé, vous êtes moins sujet au stress.

Parlez de votre stress avec votre binôme, là où il y a de la honte, y’a pas de plaisir !

Vous avez peur de ne pas passer vos oreilles ? Vous n’êtes pas sûr de comment on installe un détendeur ou un gilet sur la bouteille ? Vous êtes un peu lent à vous préparer par rapport aux autres ? Vous n’avez jamais fait une mise à l’eau depuis un bateau ? Vous avez peur de ne pas réussir le pallier à 3 ou 5 mètres ? etc. DITES-LE. Votre binôme, s’il est plus expérimenté que vous, est une excellente nouvelle. Car si vous devez avorter une plongée, il doit normalement remonter avec vous. Il y a donc de grandes chances qu’il ou elle prenne soin de vous et vous accompagne dans la gestion de votre stress, pour que vous passiez tous les deux un agréable moment. Le pire des scénarios, c’est un plongeur un peu anxieux, qui veut se la jouer cool et qui intérieurement bouillonne.  De plus, très souvent, les binômes attitrés et que vous ne connaissez pas, sont bienveillants. Vous pouvez même lui demander de veiller sur vous ouvertement, il/elle s’en fera une joie, car au fond, qui n’aime pas être utile aux autres ? Soyez humble avec vous-même, ne vous mettez pas la pression. Vous aurez tout le temps de progresser, prenez surtout du plaisir !

Pourquoi les courants et mouvements parasites ont tendance à fatiguer les plongeurs ?

Les efforts physiques et musculaires, demandent au corps d’assimiler davantage d’oxygène pour donner de l’énergie aux cellules. Cet oxygène supplémentaire, est puisé dans l’air respiré. C’est pour cette raison que le rythme cardiaque s’accélère et que la ventilation se fait plus rapide. Le cœur pompe plus vite pour fournir de quoi le corps à besoin. Dans ce cas-là, il peut se produire un autre phénomène : une intoxication au CO2. Elle survient lorsque votre respiration est superficielle, c’est à dire que vous ne videz pas complètement vos poumons de son CO2 et qui à force, rend l’accumulation toxique pour le corps. Alors, pas de remède miracle mais plutôt des conseils de bons sens.

Gérez votre effort physique et restez en bonne forme pour diminuer le risque d’intoxication à l’Azote et au CO2

Un corps trop fatigué par un effort physique, aura plus de mal à éliminer l’azote, en plus d’avoir à éliminer le CO2. Avoir le cardio qui monte un peu quand on doit palmer contre le courant n’est pas dangereux, mais restez à l’écoute de votre corps et de votre respiration, ne poussez pas trop loin. Si vous êtes pris dans un courant et que la fatigue se fait sentir, prévenez votre binôme puis cherchez un abri et/ou accrochez-vous à une roche. Faites une pause, laissez retomber le cardio et reprenez le contrôle de votre respiration (profonde et régulière à l’inspiration et expiration).

Exercez-vous ou prenez une formation au contrôle de la flottabilité et au palmage pour moins consommer d’air

Si vous n’habitez pas à la mer, vous avez surement à proximité une piscine ou une fosse de plongée. Si la fatigue est fréquente, sans autre cause apparente que l’effort fourni en plongée, il faut creuser cette piste : technique de palmage défaillante et/ou mauvais contrôle de la flottabilité. En deux sessions de plongée, un moniteur pourra vous faire sentir, voire vous filmer et corriger votre palmage pour associer sensations et corrections à effectuer pour être plus efficace. Au pire, demandez à votre binôme de vous filmer pendant une plongée lorsque vous observez un corail/poisson, ou bien quand vous palmez. Souvent c’est révélateur !

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Aurélien - Safety First

Passionné de plongée, je m’intéresse particulièrement aux aspects techniques et sécurité. Vous trouverez sur ce blog le concentré des choses à savoir pour plonger longtemps, sans accident.

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