A différentes occasions lors de voyages plongées, j’ai ressenti un peu d’angoisse ou d’inconfort, avant ou pendant la plongée. A chaque fois, je me suis poussée à y aller, parce ce que je ne voulais pas déranger la palanquée ou tout simplement gâcher de l’argent en n’effectuant pas une plongée. Au cours de notre formation, il est répété que le principe de précaution doit dominer dans la pratique de ce sport. Et pourtant, les plongeurs ont la mauvaise habitude de shunter cette consigne.
Lorsque on a voyagé loin et attendu longtemps notre séjour plongée, annuler une plongée est sans doute ce qu’il y a de plus difficile à faire. Mais voilà, il faut respecter quelques règles pour que « plongée » rime avec « sécurité » (et donc avec plaisir). J’ai subi plusieurs « presque accidents » parce que je n’ai pas écouté mes sensations, alors je souhaite écrire ce post pour vous partager mon expérience et vous lister les occasions où il ne faut pas plonger. Le risque de se blesser est minime, mais le stress engendré lors d’un presque accident peut laisser des traces et c’est dommage, surtout quand il est facile de s’éviter une mauvaise expérience.
Alors quelles sont les situations où il est contre-indiqué d’effectuer une plongée ? Il est fortement déconseillé de plonger dans les situations suivantes :
- Vous êtes stressé ou dans un mauvais état psychologique
- Vous avez la gueule de bois ou bien vous avez bu de l’alcool
- Vous êtes malade (rhume, bronchite, otite…autre ?)
- L’air inspiré dans le détendeur a un gout étrange ou ne sent pas bon
- Votre matériel est défectueux
- Vous n’avez pas de binôme attitré pour plonger
- Vous n’avez pas le niveau pour le site ou le type de plongée prévu
- Vous avez une condition médicale (cardiaque, épileptique, enceinte…) ou psychologique (schizophrénie, paranoïaque, claustrophobie ou autres) qui ne permet pas de plonger
- Il n’y a pas d’équipement de premier secours sur le bateau ou au club de plongée
1) Vous êtes stressé ou dans un mauvais état psychologique
L’environnement aquatique n’est pas le monde des humains. Pour des personnes fragiles mentalement ou pour des raisons personnelles, d’équipements ou autres…Le monde du silence peut devenir oppressant, vous emmenant potentiellement à un état de panique. Si vous ne le sentez pas, vous ne plongez pas. Point barre.
Dans mon cas, j’ai refusé deux plongées à la descente parce que les sensations étaient mauvaises. Une autre fois, j’ai refusé de plonger dans une grotte à 37 mètres de profondeur. L’obscurité qui ne me dérange pas habituellement, m’a gênée durant cette plongée et donc j’ai préféré ne pas forcer et nous sommes restés dehors avec mon binôme en attendant le retour des autres plongeurs. Si vous subissez un inconfort important, qui vous fait « cogiter » et vous met clairement mal à l’aise, dites le à votre binôme sans tarder et assurez-vous de rester à une courte distance si jamais le stress s’accroit. Ensuite, il est de bon conseil de ne pas forcer, car votre manomètre en général ne vous pardonne pas. Quand nous sommes stressés sous l’eau, la consommation d’air fond comme neige au soleil.
2) Vous avez la gueule de bois ou bien vous avez bu de l’alcool
L’alcool avant une plongée, on évite ! Il faut que le corps soit hydraté (pour fluidifier les échanges gazeux et éviter les crampes) et apte à un effort physique. Folie que de plonger avec la gueule de bois. Amis teufeurs, il y a un temps pour tout. En plus…Si vous avez un accident de plongée après avoir consommé beaucoup d’alcool, dites adieux à votre assurance, elle pourrait bien ne pas couvrir les frais médicaux en cas d’accident.
3) Vous êtes malade (rhume, bronchite, otite…autre ?)
Rhume: On ne plonge pas quand on est malade. Pas de décongestionnant avant de plonger, ni de médicaments susceptibles de couvrir les symptômes. Si vous arrivez à égaliser les oreilles à la descente, vous pourriez ne pas pouvoir remonter car l’égalisation marche dans les deux sens. Après une heure de plongée, il serait regrettable que les médicaments ne fassent plus effet…et que vous souffriez d’un baro-traumatisme en plus d’une panne d’air (le temps que vous tentiez d’égaliser). De plus, certains médicaments (surtout les décongestionnants) peuvent rendre l’élimination d’azote plus difficile pour le corps.
Bronchite: l’élimination de l’azote se fait par la respiration. Dans le cas où vos bronches ne permettent pas un échange gazeux optimal, vous vous exposez à un baro-traumatisme des poumons mais également à risque plus important de subir un accident de décompression.
Otite: interne ou externe, il est absolument proscrit de plonger avec une otite. L’égalisation de l’oreille va provoquer une douleur à la descente et à la remontée. De plus, vous vous exposez à une égalisation partielle, et donc à un éventuel baro-traumatisme. Une otite mal traitée peut donner lieu à des complications. Foncez chez le médecin pour obtenir un traitement adéquat et après deux ou trois jours (en général), vous pouvez reprendre la plongée. (Note: pour les croisières, les médecins du sport spécialisés en plongée peuvent délivrer des médicaments contre les otites. Consultez-en un si vous y êtes sujet avant un séjour)
4) L’air dans le détendeur a un gout bizarre ou ne sent pas bon
Si vous êtes au club, changez de bouteille immédiatement. Autrement, pas de risque, ne plongez pas non plus. Cela arrive qu’une bouteille neuve ou révisée récemment ait un gout de produit vaisselle…Le plus souvent, c’est le nettoyant qui fait ça. Il n’y a pas de risque majeur pour votre santé mais un gros inconfort sous l’eau, qui s’accentue avec la profondeur. Voir notre article sur le sujet.
5) Matériel défectueux
Les matériels défectueux cela arrive. Si vous ou votre club avez de quoi réparer, avec un niveau de confiance dans la réparation en béton, pas de soucis. Autrement, ne forcez pas une plongée si vous avez un doute, ou bien au pire, louez un matériel en état de fonctionnement le temps de solutionner le problème.
6) Vous n’avez pas de binôme pour plonger
Certains plongeurs sont formés à plonger seuls. Personnellement, je trouve cette pratique téméraire. En conséquence, pour les plongeurs débutants (et tous les autres), assurez-vous que quelqu’un, au cours de la plongée, saura vous regarder de temps à autre pour vérifier votre présence et vous demander si tout va bien.
Même si vous plongez avec une palanquée composée de 5 plongeurs, il faut savoir que chacun fait sa vie avec son binôme. Et si vous n’en avez pas un de désigné dès le départ (quitte à vous mettre en trinôme), vous êtes à risque. Il faut qu’une ou plusieurs personnes se soucient de votre état à plusieurs reprises au cours de la plongée. Vous ne pouvez pas crier, pas parler, donc il faut se surveiller les uns les autres. Si vous avez un problème, une question, ou vous avez du mal à suivre le rythme dans une plongée avec courant par exemple, il est impératif de savoir qu’un autre plongeur vous surveille.
Si vous lisez les rapports d’accidents mortels du DAN disponibles sur leur site internet, vous constaterez que très souvent, le problème vient d’un système de binôme défaillant, ou d’une plongée réalisée malgré des dysfonctionnements constatés avant la mise à l’eau ou à la descente.
7) Vous n’avez pas le niveau pour le site ou le type de plongée prévu
Parfois, votre binôme ou votre club de plongée peut être amené à vous proposer une plongée, d’un niveau pour lequel vous n’avez pas d’expérience (profondeur, courant, visibilité, espace clos). Dans ces cas là (car il faut bien démarrer quelque part), expliquez la situation au directeur de plongée et demandez d’être en binôme avec un guide, un instructeur ou un plongeur-secouriste.
Votre binôme doit être en mesure (et formé pour cela!) de vous accompagner et de vous garder dans un niveau de confort et de sécurité optimal. Si vous trouvez que le niveau de sécurité laisse à désirer, c’est que la plongée n’est pas pour vous. Ecouter son intuition avant de plonger est un élément clé pour plonger des années sans jamais subir un accident.
8) Vous avez une condition physique (cardiaque, épileptique, enceinte…) qui ne permet pas de plonger
Là encore, ne forcez pas la pratique de ce sport au détriment de votre santé. La plongée n’est pas un sport plus dangereux qu’un autre, à la condition essentielle, d’en respecter les règles. Les risques en plongée sont à comparer aux risques de prendre l’avion. Si le plongeur a respecté toutes les consignes et procédures de sécurité, le risque est proche de 0. En revanche, dès qu’il y a un écart…le risque grandit et l’accident peut se produire.
9) Il n’y a pas d’équipement de premier secours sur le bateau ou au club de plongée
Avant de plonger, le directeur de plongée ou le guide de palanquée fait un brief sur le site de plongée, la sécurité, ce qu’il faut en attendre, les binômes constitués etc.
C’est également le moment où il/elle doit donner les informations au sujet des équipements de premiers secours et la chaîne des soins. Si aucune information n’est donnée à ce sujet, posez la question. Dans le cas où rien n’est prévu, votre club de plongée n’est pas recommandable et il est très probable que d’autres manquements à la sécurité sont à prévoir (matériel non révisé, absence de secouriste formé, absence de procédure de rappel des plongeurs au bateau en cas d’accident). A ce stade, vous devriez même pouvoir demander un remboursement de la plongée en l’absence de ce matériel, car il est légalement obligatoire de l’avoir dans de nombreux pays.
En conclusions le maître mot : better safe than sorry. Merci les anglais !